Les Québécois seront-ils (encore) les dindons de la farce?

Selon un proverbe africain, quand deux éléphants se battent, c’est toujours le gazon qui en kind le plus amoché. Dans le fight actuel autour de la médecine familiale, le premier éléphant est le gouvernement Legault.

Le second est la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ). Le gazon, c’est nous, les citoyens-patients-usagers-contribuables.

Pendant que les négociations se corsent entre les deux éléphants, ce qui circule depuis des mois et plus récemment est néanmoins inquiétant.

Le pire résultat serait que l’accès à un omnipraticien soit encore plus difficile, plus complexe et plus bureaucratisé.

Ce qui, inévitablement, ouvrirait la porte toujours plus grande à une médecine totalement privée vers laquelle de plus en en plus de Québécois se ruent déjà à défaut de pouvoir être soignés rapidement dans le réseau public.

Au lieu de faciliter l’accès à un omnipraticien – le véritable chef d’orchestre de la santé des sufferers –, le gouvernement donne plutôt l’impression de vouloir y ajouter de nouveaux obstacles.

Une idée farfelue

Le premier découle d’une idée farfelue. Soit de catégoriser les sufferers de manière arbitraire en leur accolant des «pastilles» colorées comme pour les vins à la SAQ.

Les sufferers jugés «en bonne santé» par on ne sait trop qui ni pourquoi, se verraient attribuer une pastille verte ou jaune. Ceux jugés comme ayant des problèmes «majeurs» de santé auraient une pastille orange ou rouge.

Bref, comme si l’état de santé des humains ne fluctuait pas, comme c’est pourtant le cas dans la vraie vie.

Avec ces pastilles, la médecine préventive, au cœur même du lien qui se tisse avec le temps entre les omnipraticiens et leurs sufferers, passerait aussi à la trappe.

Ces pastilles serviraient-elles même à priver des Québécois du droit de voir le médecin auquel ils sont déjà attitrés? Mystère et boule de gomme.

Serviraient-elles à des bureaucrates pour mesurer à distance leur «efficiency» et leur rémunération à partir de critères désincarnés du réel?

Bien malins les devins pouvant deviner si un énième marché de dupes attend les usagers du réseau public de santé et de companies sociaux.

(Eh oui, même si on n’en parle jamais, les companies sociaux sont également un facteur contributif majeur à la santé des gens ou, lorsqu’ils sont coupés, à la détérioration de leur état physique et psychological.)

La efficiency décevante de Santé Québec

En plus de la «efficiency» décevante de l’agence Santé Québec – cette ultime superstructure ultracentralisée alors qu’ailleurs en Occident, les meilleurs systèmes de santé sont les plus décentralisés –, verrons-nous les sufferers saucissonnés en pastilles comme à la SAQ?

En fait, sur le fond des choses et jusqu’à preuve du contraire, les Québécois sont propulsés à nouveau dans le même cauchemar que leurs gouvernements leur font vivre et revivre depuis le milieu des années 1990.

Soit une combinaison dangereuse de compressions budgétaires doublées de réformes mal ficelées qui, au lieu d’améliorer l’accès, la qualité et l’humanité de leur réseau de santé, l’affaiblissent coup après coup.

Remark se surprendre alors de voir le Québec devenu la seule province où sévit un système de santé non seulement beaucoup trop centralisé, mais qui opère de plus en plus à deux vitesses?

Une première vitesse, ralentie, au public. Une seconde, nettement accélérée, pour les sufferers capables de payer de leurs poches dans des cliniques totalement privées.

Sûrement que ces mêmes cliniques privées payantes, en plus de pousser au Québec comme des champignons, ne catégorisent pas leurs sufferers avec des pastilles colorées dignes d’un mauvais sketch du Bye-bye…